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Astrophil et Stella vu par la presse : 2006 - Le Matricule des Anges

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Le Matricule des Anges, n°76

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Babelio

Tiephaine, 10 octobre 2017

Une oeuvre majeure de la poésie anglaise classique malheureusement trop peu connue, dans une édition française largement à la hauteur de l'enjeu littéraire.
Je dois bien le reconnaître, je ne connaissais pas Sir Philip Sidney avant de l'apercevoir dans la liste masse critique du mois de septembre 2017 (Merci à Babelio et aux éditions L'Or des Fous !), et pourtant je suis un amoureux de la poésie anglaise.
Ce texte est pourtant majeur à plus d'un titre. D'abord, son ampleur: 108 poèmes et 11 chants, tous consacrés à l'amour que porte leur auteur, Astrophil, à Stella, incarnations poétiques de Philip Sidney et de Pénélope Devereux. Un tel corpus n'est pas sans évoquer l'Hypnerotomachia Poliphilii, bien qu'il en soit également fondamentalement différent. Ensuite, par son sujet: l'Amour, éperdu mais également déçu, respectant les codes de l'amour courtois, dont l'aspect chevaleresque apparaît en filigrane à une époque où, pourtant, la chevalerie est déjà en désuétude depuis longtemps.
Il ne manque à ce corpus que l'évocation de la Nature pour faire de lui un texte romantique, près de deux siècles avant Byron.
Il ne s'agit clairement pas d'un corpus que l'on lit rapidement, enchainant les poèmes sans réel souci de ce qu'on lit. Si la qualité de ceux-ci n'est pas égale, ce qui n'est pas très étonnant ni anormal au vu de l'ampleur du corpus, chacun de ces poèmes mérite d'être lu et apprécié à sa juste valeur, et ceci d'autant plus que se perçoit au fil des textes l'évolution des sentiments de leur auteur et de sa relation avec celle qui occupe ses pensées. Un très beau corpus à découvrir, en prenant son temps.
Les éditions L'Or des Fous ont adjoint au corpus poétique la Défense de la Poésie, du même auteur, un essai qui nécessite néanmoins d'être replacé dans son contexte historique et intellectuel pour être apprécié à sa juste valeur. Philip Sidney y est parfois de mauvaise foi, ce qui génère de sa part des commentaires assez cocasses (il affirme par exemple la supériorité de la Poésie sur L Histoire pour révéler l'exactitude des faits passés...), mais son érudition n'est pas en doute et donne un texte finalement touchant par sa sincérité et son amour d'un art qui, à l'époque, était décrié voire méprisé.
Cet ouvrage bénéficie d'une très belle traduction, malgré quelques petites imperfections qui baissent le niveau général à quelques reprises mais qui ne trahissent néanmoins jamais le texte originel. Surtout, l'éditeur a réalisé ici un excellent travail, avec un papier de qualité, une traduction excellente et une mise en page sans coquille, et ce, sans reprendre une traduction du 19e siècle et percluse de trahisons et de défauts comme c'est trop souvent le cas chez les éditeurs parisiens. le format de l'ouvrage est parfaitement adapté pour une lecture agréable, et finalement, le seul défaut que je puisse lui trouver est que la présentation, de très bonne qualité, est trop concise.
Une excellente lecture, une très belle découverte, pour une oeuvre magnifique et dans un écrin parfaitement adapté: un vrai livre à découvrir!


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